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Foire aux Questions

  • Joël : L’aïkido, le Iaïdo et le Jodo, ces 3 arts martiaux ont en commun le sabre. Cela a été la première raison, en ce qui me concerne, pour étudier après l’Aïkido, le Iaïdo et enfin le Jodo. Selon moi, les 3 disciplines sont complémentaires.

    Dans la technique tout d’abord. La similitude de travail entre ikkyo en Aïkido, onte uchi en Jodo et shohatto en Iaï par exemple, doit permettre très rapidement de voir ce rapport entre elles.

    Maintenant, cela ne suffirait pas. Chacun pourrait rester dans sa discipline et développer son art. Il n’y a pas de problème, chaque discipline est suffisamment riche pour se suffire à elle-même. Mais, puisqu’il y a un mais, quel plaisir de réussir à comprendre ou plutôt à entrevoir une ouverture, une sensation dans l’aïkido par le biais du travail du sabre ou du bâton ! Trois disciplines, trois positionnements du corps différents, le travail de l’arme abordé différemment, mais une vraie complémentarité.

    Par contre, je déconseille de commencer les 3 en même temps. Pour ne pas se mélanger les "pinceaux", les pieds, et faire du Jodo en Aïkido ou du Iaï en Jodo. Il faut acquérir une présence d’esprit et de corps qui nous permet de ne pas mélanger les genres.

  • Joel : Françoise Dolto a apporté cette compréhension sur la prise en compte de l’être entre prendre un enfant pour un petit adulte, et un petit d’adulte. Donc, en Aïkido il ne peut en être autrement. Une première chose très importante et à ne jamais oublier : la fragilité musculaire, osseuse, et tendineuse d’un enfant. Lors de la pratique ou lors de la préparation, un adulte peut remplacer ou se rattraper très facilement, avec une chaine musculaire autre que celle dont il devrait se servir. L’enfant, avec son corps, ne sait pas encore pallier une faiblesse ou un manque d’une partie de son corps.

    Exemple : nous pouvons faire faire le travail des chutes à un enfant. Mais il sera plus judicieux de les faire travailler par séries d’une dizaine, pour l’amener jusqu’à 50 voire 100 chutes. Alors que lorsque l’on pratique avec des adultes, une série de 100 d’un coup peut se faire sans problème.

    Deuxièmement, l’enfant est dans la compétition, ce que l’adulte a (normalement) dépassé… Enfin bref, l’enfant sur une technique cherchera à faire tomber l’autre, de toutes les manières. Pour lui, l’efficacité de sa technique est dans le fait de faire tomber son partenaire. Il ne comprend pas la recherche de non opposition de l’enseignant. Donc, pour chaque technique, l’enseignant devra rester vigilant, pour la sécurité du partenaire, mais aussi pour celle de celui qui fait la technique. Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas enseigner les concepts de l’Aïkido aux enfants. Nous devons partir de l’idée de "planter" des graines. Après, il faudra être patient pour qu’elles puissent germer, et souvent pas sous nos yeux. Mais je reste très optimiste. Après avoir retrouvé des élèves quelques années plus tard, j’ai pu constater, que je n’avais pas labouré et semé pour rien !

  • Joel : Pourquoi apprendre la politesse à un enfant ? Pourquoi apprendre à conduire ? Pourquoi apprendre les droits et les devoirs ?

    L’étiquette est une forme de structure, d’éducation dans laquelle nous allons pouvoir nous positionner. Comme dans la société. Savoir ce que nous avons le droit de faire et ce qu’il faut éviter de faire.

    Nous apprenons à un enfant à dire bonjour. Sur un tatami, nous saluons. Par ce simple geste, nous apprenons à respecter le lieu, le partenaire, la discipline, le maitre, ainsi que le fondateur de cette discipline. Nous apprenons à nous respecter nous-même, par l’espace que nous conservons avec les autres. Quand nous saluons en seïza, le positionnement de notre corps et de nos mains nous fait apprécier notre corps dans un espace donné. Comment poser ses armes, ne pas passer par-dessus, ne pas emprunter les armes de quelqu’un d’autre, etc. Politesse et respect.

    L’étiquette est aussi une façon de bien comprendre le Budo. Pourquoi positionner les mains de telle ou telle autre manière ? Pourquoi l’arme est-elle tenue de telle façon ? Dans l’étiquette, j’apprends, je recherche ma position dans le Dojo. Je respecte les anciens, je ne passe pas devant des élèves en seïza mais derrière... L’étiquette nous apprend la vigilance. Quand je parle de "respect des anciens", c’est pour apporter cette vigilance. Pas seulement le respect de l’ancien parce qu’il est plus âgé ou élève depuis plus longtemps au sein de l’École. Non ! Juste l’attention sur l’autre, sur le lieu où nous nous trouvons, sur nous-même.

    Dans la société, nous ne pouvons pas faire seulement ce que l’on veut. Ceux qui se persuadent du contraire ont tort. Nous sommes éduqué, pour certain, avec le "droit" de tout faire et comme nous le décidons. Mais, nous nous rendons compte, un jour ou l’autre, qu’il est utopique de croire ça. Dans le Budo, il n’en est pas autrement. L’étiquette est la structure de chaque discipline. Ne pas en tenir compte nous projetterait dans le mur très rapidement. Ou après, nous ferions un choix dans notre pratique : "je fais telle chose mais pas ça", "je pratique avec telle personne mais pas telle autre", "je n’ai pas envie de saluer untel", etc.

    Comment progresser sur soi si dès le départ, je ne "joue" pas le jeu avec toutes ses règles ? C’est souvent notre comportement dans la vie. Si nous choisissons une "discipline" pour une évolution personnelle, nous devons arrêter de tricher avec nous-même. La richesse dans le Budo, passe par l’étiquette et son acceptation. Comme la vie en société passe par l’acceptation d’une éducation (politesse, respect), et l’acceptation de vivre auprès et avec les autres.

    Sans l’acceptation de l’étiquette, pas de dépassement de l’étiquette. Et nous continuons à faire du Canada Dry et non pas du Budo ! Car après l’acceptation, il y a le "lâcher prise" !

  • Joël : Pas de but. Juste l’envie de leur ouvrir un chemin avec une discipline. La recherche est toute personnelle. Chacun vient chercher quelque chose en commençant un Budo et continue pour d’autres raisons. La "voie" ou chemin, n’est, pour moi, pas une acquisition de savoir, mais une ouverture sur soi. Sur son essence même. Ce que je suis. Pourquoi je suis et fonctionne de telle manière. Prendre conscience de mes différentes mécanicité (physique, mentale ou émotionnelle) pour savoir d’où je viens et où je vais. Cela me placera peut être dans un présent plus serein.

    Étant tous différent, je ne cherche pas la même progression pour chacun. Mais avant toute chose, il faut que l’élève ait vraiment envie de commencer ce travail avec moi. Et là, c’est loin d’être le cas. Si j’interroge chaque élève, je ne doute pas d’une réponse positive, mais, dans l’observation d’un travail en groupe, lors des cours, j’observe une opposition « inconsciente » vers ce travail. Pas de reproche, juste une constatation. Nous avons tous et toutes nos petits démons à combattre. Chacun a un vrai travail à faire sur lui-même. Je donne des petites choses à faire à chacun et attends pour passer à l’étape suivante. Je ne suis ni juge ni dieu. Je ne détiens pas "la" vérité. Juste une progression que j’ai apprise et continue d’apprendre chaque jour avec mon expérience de presque 35 années de pratique. Pas d’égo dans cette précision. Juste un rappel pour ceux qui pourraient imaginer, très sincèrement, qu’ils n’ont pas besoin de conseil pour leur propre évolution. Dans chacun de mes cours, je donne à tous, tout ce que je pense savoir sur le Budo. Chacun étant libre d’y accéder ou pas. La liberté étant toute relative avec nos "bagarres internes" qui nous dirigent continuellement.

  • Joël : Et nous en venons à cette question !

    Nous sommes dirigées par certaines influences. Culturelles, éducatives, sociales. Prenons toutes ces influences comme des "petits chefs". Chaque "petit chef" veut commander, prendre la direction des autres petits chefs. En même temps, un tiraillement se fait en vous pour toutes les actions que vous faites, voulez faire ou allez faire.

    Une "influence" va vouloir vous faire bouger le pied droit. Pendant qu’une autre veut vous faire avancer le bassin et une troisième vous faire avancer les bras ! Cela n’est qu’un exemple parmi des milliers. Et si ces influences n’étaient que physiques ! Mais non, tout se mélange encore entre les différents centres du corps, mental, émotionnel et physique, entre autres ! Donc, vous pouvez déjà mieux comprendre nos difficultés à reproduire un acte qui à première vue peut paraitre "simple". Nous sommes dans la mécanicité. Il faut bien comprendre ça. Une fois que l’on a compris (comprendre= tout prendre !) cette mécanicité, il faut s’en faire un allier.

  • Joël : NON ! Bien sûr !

    Ça y est, je vois ces dames me sauter dessus avec leurs ongles en avant ! Ah, les tigresses ! Et là, vous devenez de vraies guerrières, pas loin de "arts martiaux" ! Mais maintenant, je vais essayer de vous expliquer mon point de vue qui je pense (j’espère) ne fera pas ressortir mon côté macho !

    À l’origine, le "budo" était le "jutsu", art de combat, réservé, en général, aux hommes. Les budos ont été mis en place par des hommes pour des hommes.

    Ceci mis à part, il suffit pour quelques petites choses, de revisiter la technique et de l’adapter. Par exemple, le port du hakama et du sabre pour les femmes en Iaïdo est plus difficile à cause de la position des hanches. La grosseur de la poitrine peut aussi gêner dans certaines techniques de sabre, de Jo ou d’Aïkido.

    Maintenant, le budo permet à « la femme » de s’exprimer pleinement par la non compétition qui, en général, est une qualité manquant souvent à beaucoup d’homme (ouf, je viens de sauver mon côté féminin !).

  • Joël : Quand nous commençons le Budo, nous ne savons pas l’importance de l’enseignant. Il y a même des élèves qui pratiqueront plusieurs années sans se soucier de l’enseignement. Il y a l’historique de chacun qui nous fait aller vers un enseignant plutôt qu’un autre. Les critères d’âge, de physique, de recherches personnelles. Nous arrivons dans un dojo et l’ambiance générale nous convient, nous nous inscrivons. Après quelque temps, certaines personnes changent d’enseignant parce qu’ils se rendent compte pour certaines raisons qu’il ne leur convient pas.

    Mais c’est une minorité. La majorité n’est pas prête à remettre leur travail en cause en allant dans un autre dojo. On a « acquis » une position dans le dojo. Des habitudes d’horaires, de lieu, de jour de pratique, etc. Ils y a ceux qui vont au plus près. Ils y a ceux qui vont voir une discipline et son enseignant par le bouche-à-oreille. Il y a ceux qui arrivent avec un « copain ».

    Et il y a ceux, beaucoup plus rares, qui viennent parce qu’ils recherchent un enseignant particulier. Pas forcément un « bon » enseignant, mais celui qui leur correspond dès le départ dans la pratique qu’ils envisagent de débuter.

    Après, il y a ceux qui arrivent d’un autre club ou d’un autre département. Qui ont de l’expérience, et qui vont faire le tour des clubs de la ville pour choisir, à leurs yeux, le meilleur enseignant.

    Choisissons-nous un dojo et son enseignant par hasard ? Et vous, qu’en pensez-vous ? Et d’abord, votre enseignant, vous l’avez « trouvé » comment ?

  • Joël : J’ai eu la chance, pour moi je le vois comme ça, de commencer l’Aïkido avec un enseignant, Jean-Louis Lassier, qui pratiquait énormément les armes. Ayant été élève lui-même de Toshiro Suga, spécialiste du Jo et du Ken.

    Donc, j’ai du mal à comprendre l’approche de l’Aïkido sans les armes. Mais je pense qu’il y a plusieurs Aïkido. Le fondateur, Morihei Ueshiba, durant sa longue pratique, a formé des élèves très différents les uns des autres. Certains sont devenus des maîtres et ont dirigé leur pratique vers une approche avec, sans armes ou très peu. Qui a raison ou qui a tort, là n’est pas la question. Chacun prend le chemin qui lui convient le mieux. Moi, je ne conçois pas l’Aïkido sans le lien direct avec les armes. Je dis souvent dans mes cours, « faites la technique Aïki comme si vous aviez le ken dans les mains, et le travail du ken comme si vous faisiez une technique à main nue ». Mais cela n’engage que moi.

  • Joël : Au début de mes cours, je demande aux gradés, de solliciter les débutants. Pour plusieurs raisons :

    En premier lieu, pour nous rappeler « notre » coté « débutant ». Nous devons rester avec ce regard. Le regard du débutant qui ne connait pas ou peux. Qui a tout à apprendre. Ensuite, pour notre humilité. Je fais attention au débutant. Je porte de l’attention sur son travail qui me renvoie au mien. Comment lui faire passer un message, le plus juste possible, suivant mon niveau, pour qu’il prenne le moins d’erreur possible ! Et cela ne fera que déranger mon « égo » ! Le travail le plus difficile, pour moi, est le travail d’Uke. Servir d’uke à un débutant est la chose que nous sommes obligé de remettre en cause tout le temps, et durant toute notre pratique. Certain prennent ce travail de très haut : « je vais donner mon savoir à un débutant ». Ou d’autres y vont à reculons : « si je pouvais éviter d’aller avec eux ! ». D’autres encore se planquent pour ne pas travailler avec les débutants : « on apprend rien avec eux ! ». Et enfin, il y a ceux qui vont refaire le cours pendant le cours, et qui vont essayer de travailler qu’avec des débutants.

    Non, prenez vraiment ce travail comme une remise en cause permanente pour vous-même. D’abord avec les débutants pour les raisons que je viens de donner, et ensuite avec des gradés de même niveaux, et supérieur à soi. On ne doit « éviter » personne. Mais « inviter » tout le monde. Et pour certain « macho », les filles aussi et pas seulement pour « faire le coq » ! Et n’oublions pas l’intégration du débutant, comme nous avons un jour été intégré par les gradés de notre époque…